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« Une équipe qui ose »

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Publié par le 07/12/2021

Ancienne joueuse internationale et championne du monde avec l’équipe de France en 2003, Nodjialem Myaro est devenue présidente de la ligue féminine de handball en 2013. Depuis 2017, elle commente aux côtés de Grégoire Margotton les matchs de l’équipe de France pour le groupe TF1. Elle évoque les championnats du monde qui se déroulent en Espagne du 1er au 19 décembre et son engagement pour le handball féminin.

Après l’Angola, les Bleues rencontrent la Slovénie pour leur deuxième match le dimanche 5 décembre. Quelles équipes sont le plus à craindre dans cette compétition ?

Il n’y a pas de surprise particulière, ce sont toujours les mêmes nations pour chaque compétition : la Norvège, la Russie, les Pays-Bas ou encore le Danemark. Les championnats du monde ont la particularité de rassembler des équipes plus atypiques, celles d’Afrique ou d’Amérique du Sud. Or le handball est un sport très européen ; les championnats d’Europe sont souvent plus difficiles à gérer car l’écart est moins important entre les nations. Mais le tirage au sort n’a pas été particulièrement clément pour nous avec la Slovénie et le Monténégro, deux équipes européennes, et l’Angola, qui est le pays africain le plus performant. Le niveau de notre pool est donc assez élevé.

 

Quels sont d’après vous les atouts de l’équipe de France ?

Victorieuses des Jeux Olympiques à Tokyo, les Bleues continuent à surfer sur cette dynamique. Ça va donc être l’équipe à abattre ! C’est une équipe rajeunie puisque nous préparons l’avenir en vue de Paris 2024. Il faut trouver l’équilibre entre les joueuses historiques et les nouvelles, en laissant la place aux plus jeunes pour leur permettre de s’exprimer en équipe de France. Lors des deux précédents matchs contre la Hongrie, j’ai trouvé que cette équipe osait, proposait un jeu dynamique et disposait d’une défense qui savait étouffer l’adversaire. Ce sont des joueuses de qualité et explosives, qui ont la capacité de s’exprimer de manière différente. On a des cadres comme Grace Zaadi qui vont pouvoir pousser l’attaque et d’autres, comme Méline Nocandy, qui vont amener toute leur fougue.

 

Après votre carrière de sportive professionnelle, que vous apporte ce rôle de consultante ?

On m’a proposé de devenir consultante pour la première fois en 2007 pour les championnats du monde en France. J’ai trouvé cette offre intéressante car elle représentait un nouveau challenge. J’aime la nouveauté, me lancer dans des domaines que je n’ai jamais expérimentés. C’était intéressant d’avoir ce regard extérieur sur le handball, mais aussi cette proximité avec les joueuses. Et cela me permettait de vivre la compétition intensément auprès d’elles et de pouvoir apporter un regard différent sur le jeu et les joueuses. J’ai trouvé cet exercice enrichissant et j’ai eu envie de continuer. Quand le groupe TF1 m’a contactée en 2017 pour renouveler l’expérience à l’occasion des championnats du monde en Allemagne, je n’ai pas hésité. J’ai eu la chance d’être bien encadrée dès le départ. Le consultant a un regard d’expert mais la complicité avec le journaliste qui l’accompagne est primordiale. Chaque fois, j’ai été entourée par des personnes qui étaient de bons conseils. Aux côtés de Grégoire Margotton depuis 2017, je commence à bien le connaître !

 

Vous êtes présidente de la ligne féminine de handball depuis 2013 tout en exerçant votre profession de psychologue. Quelle place occupe encore le handball dans votre vie ?

Elle est toujours très importante ! En tant que présidente de la LFH, je suis garante de la structure et du bon déroulement de notre championnat. Je suis en charge du handball féminin dans sa globalité. Et je suis aussi sur le terrain chaque semaine pour accompagner ma fille qui pratique ce sport !

 

Quel constat faites-vous sur l’évolution de l’image du handball féminin ces dernières années ?

Il est un peu mitigé car il y a du positif et du négatif. Les progrès sportifs vont beaucoup plus vite que le reste, que ce soit en termes de médiatisation, de partenariat… On a le TGV sportif… et la suite qui avance en Corail ! Quand j’évoluais en équipe de France, j’entendais souvent que sans résultats, on ne parlerait pas de nous. Depuis plusieurs années maintenant, les Bleues rapportent des médailles de chaque compétition. Elles ont été championnes du monde et d’Europe, championnes Olympiques. Un palmarès impressionnant ! Certes, on parle beaucoup plus de nous, mais c’est toujours une lutte pour être vues en comparaison avec certains sports, notamment masculins. Malheureusement, le constat aujourd’hui est que les filles peuvent être médaillées olympiques sans pour autant attirer beaucoup plus les partenaires. Pourtant, les handballeuses ont par exemple de meilleurs résultats que les rugbymen. Je sais qu’il y a une culture rugby en France et il n’est pas question d’enlever leur statut aux autres sports, mais je pense qu’il y a de la place pour tout le monde. Cette différence de traitement concerne plus largement tout le sport féminin en France. Ce n’est pas le cas au Danemark ou en Norvège. Néanmoins, très clairement, c’est beaucoup mieux que ma génération. On avance, mais on pourrait aller encore plus loin !

 

La diffusion des compétitions à la télévision représente un pas vers cette reconnaissance… 

Oui, le contrat de 5 ans que nous avons signé avec TF1 est une belle satisfaction. Nous n’avions jamais eu cela dans le passé. Et à chaque fois, le handball fait de super audiences ! C’est bien la preuve que ce sport réveille l’intérêt du public et mérite d’être diffusé. Malheureusement, cette mise en lumière va être courte. Certes, l’équipe de France performe. Mais ces joueuses évoluent aussi toute l’année en championnat. Deux de nos clubs ont fait la champions league.

 

Au-delà du handball, vous avez toujours cherché à faire reconnaître le sport féminin dans son ensemble.

Effectivement. Là aussi, les femmes sont de plus en plus représentées, mais il reste encore beaucoup à faire ! Cette représentation doit être partout, elle passe notamment par les entreprises. Il faut continuer à faire bouger les lignes. Et ça commence dès la cour de récré ! En début d’année, j’ai notamment participé à l’opération des 1000 possibles en faveur de l’égalité et des droits des femmes. Quand j’ai reçu la proposition d’écrire une lettre pour encourager et inspirer des petites filles nées le 8 mars, j’ai été honorée de pouvoir contribuer à cette campagne. Et j’ai d’ailleurs immédiatement été inspirée.

 

Quel est votre souvenir le plus marquant en tant que joueuse ?

Notre premier championnat du monde et notre médaille d’argent en 1999. Pourtant, nous avons été championnes du monde par la suite mais, émotionnellement, ce moment reste mon plus fort souvenir.

 

Et comme spectatrice ?

Sans hésitation la victoire des filles aux derniers Jeux Olympiques. Elles ont continué à écrire une belle page dans l’histoire du sport féminin !